
Lundi s’est ouvert à Washington l’un des procès les plus surveillés de l’écosystème tech mondial : celui de Meta, la maison mère de Facebook, Instagram et WhatsApp. En jeu ? Une potentielle scission d’Instagram et WhatsApp, rachetés respectivement en 2012 et 2014, pour abus de position dominante. Ce dossier, déposé par la Federal Trade Commission (FTC), pourrait redessiner la carte du pouvoir numérique mondial.
Un contexte tendu : quand le monopole devient problématique
Le gouvernement américain accuse Meta d’avoir volontairement éliminé des concurrents menaçants à travers des acquisitions stratégiques. Selon la plainte initiale de 2020, sous l’administration Trump, ces rachats auraient été motivés non pas par l’innovation, mais par la volonté d’étouffer la concurrence. Un email de Mark Zuckerberg datant de 2012, parlant d’Instagram comme d’une « menace vraiment effrayante », est brandi comme preuve d’intention.
Instagram et WhatsApp : des acquisitions à plusieurs milliards
- Instagram, acquis pour 1 milliard de dollars en 2012, compte aujourd’hui plus de 2 milliards d’utilisateurs.
- WhatsApp, acheté pour 19 milliards en 2014, est devenu l’une des principales applications de messagerie dans le monde.
Meta défend ces investissements en arguant que c’est grâce à son savoir-faire et à ses ressources que ces deux services ont pris une telle ampleur. La firme rappelle également que la FTC avait validé ces transactions à l’époque.
Le coeur du débat : quelle définition du marché ?
Pour la FTC, Meta détient un monopole sur les réseaux sociaux personnels aux États-Unis, ceux qui permettent de « rester en contact avec famille et amis ». Elle exclut donc TikTok, YouTube ou X (ex-Twitter) de cette catégorie. Cette approche pourrait s’avérer cruciale : si le marché est trop restreint, la domination de Meta semble évidente ; mais si le marché est élargi, la compétition paraît plus ouverte.
Pour mieux comprendre la logique algorithmique de Google dans un autre contexte numérique, découvrez notre article : Le SEO en 2025 : stratégies avancées pour dominer les résultats naturels de Google
Un impact pour les utilisateurs et les annonceurs
La FTC soutient que le monopole de Meta nuit aux utilisateurs :
- trop de publicités imposées,
- des changements décidés unilatéralement,
- peu d’alternatives.
Un démantèlement de Meta pourrait rétablir une dynamique plus concurrentielle et bénéfique pour les consommateurs. Pour aller plus loin sur ce sujet, consultez : Les 5 principales causes de frustration sur un site web e-commerce
Mark Zuckerberg et ses liens politiques
Pour tenter d’éviter le procès, Zuckerberg a multiplié les démarches :
- nominations d’alliés républicains chez Meta,
- assouplissement des règles de modération,
- visites à la Maison Blanche.
Malgré tout, l’affaire est portée devant le juge James Boasberg, qui a déjà prévenu que la FTC devra « répondre à des questions difficiles sur ses accusations ».
Une bataille antitrust plus large
Le procès Meta s’inscrit dans un contexte plus large :
- Google a été reconnu coupable d’abus de position dominante sur la recherche (source officielle DOJ).
- Amazon et Apple sont aussi sous surveillance.
- La FTC a toutefois échoué à bloquer les rachats de Within par Meta ou d’Activision par Microsoft.
Quel avenir pour le monopole numérique ?
Si Meta perd ce procès, ce sera un tournant historique : pour la première fois, les autorités pourraient forcer une Big Tech à se scinder en plusieurs entités. Cela poserait aussi les bases pour que les régulateurs lancent de futures actions antitrust contre d’autres géants technologiques.
Conclusion
Le procès de Meta est plus qu’une affaire juridique : il soulève des questions profondes sur l’équilibre entre innovation, concurrence et pouvoir des grandes plateformes. Reste à voir si la justice américaine jugera que Meta a franchi la ligne rouge.
Pour aller plus loin :
- L’intelligence artificielle va-t-elle remplacer les développeurs ?
- Google vers l’IA : la prochaine étape de Google
- Meta accusé d’abus de position dominante : article complet sur The Verge
- Analyse du procès par Wired
Auteur : Zakaria Mahboub, développeur web à Casablanca.